Reviens

Debout sur la plage,  face à la mer qui gronde,
J’entends ta douce voix dans le fatras du vent.
Tu es partie très loin, à l’autre bout du monde.
Ma tendre amie, au delà de l'obscur couchant.

 

J’ai dormi, le vague à l'âme, sur le sable moite,
A l’abri des lumières blanchâtres de la ville,
Bercé par mes rêves, sous une chaloupe étroite,
Sentant le salpêtre et le moisi, bien triste asile.

 

Rêves de ta peau, de tes yeux, de ton rire,
De nos baisers, de nos étreintes. De tes mains.
Souvenir d’ivresse folle et de profond plaisir,
D’un amour ardent, porté par des dieux mutins. 

 

J’entends le ressac d’une mer bleue qui se brise
Contre les rochers ocres. Est ce les battements
De nos deux cœurs unis, qui se mêlent à la brise,
Séparés pourtant par cet immense et sombre océan. 

 

J’entends tes mots. Les mouettes rieuses répondent.
Elles disent toutes: « je t’aime* » et encore et toujours
Je voudrais tant que la marée secrète, pleine et féconde
Reproduisent les « je t’aime* » jusqu’à la fin des jours.

 

*Note : peut être remplacé par "reviens"

Rendez-vous

Telle une pie sur un grand près vert,
Un point brouillon sur une page blanche,
Perdu sur une place déserte, amer,
J’attends, courbé et penaud ma chance.

 

Elle ne viendra pas celle que j’ai vue
A l’ombre d’un arrêt-bus, joyeuse,
Riante aux éclats, belle ingénue,
Proche et lointaine, mystérieuse, 

 

Celle qui aurait pu être ma vie,
Mon grand bonheur et ma souffrance,
Mes futiles attentes, mes envies.
J’aurais partagé son innocence,

 

Ses passions et ses folles audaces,
Ses désirs, ses sourires, ses espoirs.
Me voilà seul sur cette vaste place
Espace de mes illusions noires.

 

Ce futur perdu pour avoir cru
A un destin commun, elle et moi.
Elle ne viendra plus celle que j’ai vue,
Celle qui en moi suscite tant d’émoi.

Ondine

Une petite halte à ses cotés,
Là où coule une source claire
Dans les hautes herbes d’été,
Où se croisent ombre et lumière.

 

Assise sur un rocher, elle penche
Doucement sa charmante frimousse
Sur l’eau vive, écumante et blanche,
S’écoulant dans un écrin de mousse.

 

Debout, je la regarde tendrement, 
Ému, pareil aux arbres qui frémissent.
Ses cheveux dorés voltigent au vent.
Sa jupe blanche remonte à mi-cuisse.

 

Une fleur rouge sur la roche soupire.
Une grenouille allègre saute de joie.
Il s’échappe de ses lèvres un sourire.
Tendre, qui rempli mon cœur d’émoi.