Et si le dédoublement nous guettait !
Contact sans contact loi sociale désormais ?
Prenons soin gentiment d'autrui sans oublier d'être distants
Restons très solidaires avec chacun mais en nous isolant
Apportons de l'aide à qui en a besoin sans nous rapprocher
Aimons-nous avec tendresse mais évitons de nous enlacer
Offrons tendrement des fleurs sans même les avoir touchées
Partageons nos émois mais plus question de s'embrasser
Rions, rions ainsi complices sans tenter d'amicaux câlins
Saluons-nous avec gratitude mais pas de poignées de mains
Chantons gaiement en choeur bien rangés sans être accolésPartageons entre amis un repas mais tenons-nous éloignés
Jouons ensemble en équipe sans évoluer sur le même terrain
Dansons en cadence avec plaisir mais tout en restant lointains
Randonnons joyeusement sans parler pour limiter les postillons
Reprenons la vie associative mais veillons à nos projections
Parlons-nous avec amitié sans jamais témoigner de proximité
Sourions avec empathie aux caissières mais par la vitre séparés
Travaillons collectivement sans oublier de garder nos distances
Payons avec la carte mais sans contact digital toutes nos dépenses
Rêvons et partons en voyage sans enlever nos masques imposés
Prenons les transports mais en restant bien loin des sièges occupés
Faisons donc tout et son exact contraire « en même temps »
C'est une des plus salutaires gymnastiques de tous les instants
Qui pourrait faire advenir une nouvelle créature « coronavirus »
L'Homo Erectus Sapiens Sapiens dit le « Sanscontactvirtuelus » !
En ce temps-là, il y a très longtemps
Terre-mère dans un inspir et un expir
Oxygénait la Vie tranquillement
L'harmonie pouvait en confiance s'y lire
Chaque maillon de la chaîne du vivant
Etait lié à l'autre en impérieuse nécessité
Aucun être ne pouvait se dire dominant
Le respect était loi cosmique bien acceptée
Tous en quête du bonheur tel un Graal
Chacun dans l'Univers se vivait à sa place
Que l'on fût humain, animal, végétal ou minéral
L'équité était alors une vertu vivace
Mère-nature donnait sans compter
Air, eau, feu, bois et clairières
Nourriture, chants d'oiseaux dévoilés
La beauté revêtait ses habits de lumière
Peu à peu l'humain au désir débordant
Se désigna maître et roi de la création
Abusant, saccageant, piétinant, polluant
L'hybris insatiable eut de la vie raison
Tel un dieu il se crut bien au-dessus
Se coupa de la chaîne et de ses racines
Le Sens de la vie, il ne le comprit plus
L'argent était devenu son adrénaline
Mais voilà qu'un petit virus malfaisant
Vient d'abattre bien bas ses prétentions
Le matériel est devenu sable mouvant
L'humilité appelle à la méditation
Mère-nature si peu rancunière
Lui redonne déjà à voir et à écouter
Tout le beau et la sagesse millénaires
Cette générosité éveille à la beauté
Le silence est un inestimable baume
Où végétaux, animaux, humains
Avec joie retrouvent leur juste royaume
L'équanimité chante de doux lendemains
Le temps de regarder, d'entendre, d'écouter
Le temps de partager, de fraterniser, d'aimer
Le temps de vivre enfin avec l'autre réconcilié
Le temps aussi de se taire pour mieux parler
A cet autre que l'on avait souvent négligé
Et qui n'est qu'un autre soi-même révélé
Par ce petit virus tellement haï et rejeté
Qui pourtant a redonné du Sens à nos vies
abîmées
Mais qui demain s'en souviendra encore ?
La vie est toujours prise de risques calculés
Car elle est surprise, inattendu, étonnement
Car elle est mutation, évolution, liberté
Car elle est action, création, mouvement
La vie se donne et se laisse prendre en confiance
A qui ne renonce pas à sa liberté pour la sécurité
A qui se détache de la peur et du tout assurance
A qui n'a pas perdu confiance en ses capacités
La vie s'offre à tout instant en jeune mariée
Car elle est cadeau, amour, rêve, promesse
Car elle est don, fleur, fruit, abondance
Car elle est émoi, frisson, beauté, tendresse
La vie résiste, n'accepte pas d'être enfermée
Par qui ne parle plus que de bonne protection
Par qui ne se soucie plus que d'être en sûreté
Par qui ne pense plus qu'à la conservation
La vie jaillit, exulte et renaît en résilience
Car elle est dynamisme, désir, pouvoir
Car elle est force, énergie, renaissance
Car elle est témérité, courage, vouloir
La vie ranime dans les cœurs l'espérance
Pour qui se sent accablé par la tristesse
Pour qui est submergé par la souffrance
Pour qui est dévasté par la détresse
Mais la vie ne se dévoile pas facilement
Car elle ne s'ouvre qu'avec notre attention
Car elle ne se livre que dans le détachement
Car elle ne se révèle qu'avec la compréhension
Et l'on peut passer sa vie à côté de sa vie
Sans avoir jamais décelé son éternel secret
Tel un universel mystère voilé qui nous défie
Aussi fragile et fort qu'un petit enfant à bercer
Celui de redonner vie, force et beauté à ce qui n'était plus.
Assise sur mon petit banc baigné de rosée
Les pieds dans le sol bien ancrés
Le soleil me réchauffe avec tendresse
La brise légère est comme une caresse
Eau,Terre, Feu, Air
Dans mon jardin je suis, en pleine présence
De la Vie qui est là dans toute son essence
J'avais oublié sa force, sa réalité
Sa douceur, son infinie beauté
Et même jusqu'à son amour
Dans le jardin d'Alice, je suis,
Au Pays des Merveilles
Enivrée de papillons, fleurs et abeilles
Vocalises et langage des oiseaux
Montrant le chemin voici un blanc lapereau
Miroir qui m'invite au retournement
Dans le jardin de Blanche Neige, je suis,
Au Pays de la Confiance
Où Nature-mère est encore innocente
De la cupidité et domination humaines
Où rêver, danser, aimer n'est pas chose vaine
Sept petits nains, mes alter-ego, me regardent
Dans le jardin de Scheherazade, je suis,
Au Pays des Mille et une Nuits
Sous le ciel étoilé jamais je m'ennuie
Chaque étincelle d'étoile est une histoire
Que je chuchote à mon Prince avec espoir
Arbre de contes qui me maintient en vie
Dans le jardin de Morgane et Viviane, je suis,
Au Pays des Elfes de Brocéliande
Fontaine magique source offrande
Epée du Roi Arthur, chevalier invincible
Plantes, arbres et lianes me relient à l'invisible
Merlin l'Enchanteur de ses charmes m'envoûte
Dans le jardin d'Adam et Eve, je suis,
Au Pays du Paradis éperdu d'innocence
Abondance, pureté, jouvence
Tentée par l'Arbre de la Connaissance
Pomme délicieuse suscitant la renaissance
Serpent médiateur entre le bien et le mal
Dans le jardin de mon cœur, je suis,
Au Pays des Jardins de Curé
Herbes sages et herbes folles semées
Calme et agitation, lucidité et ignorance
C'est un jardin havre de concordance
Fouillis où prendra racine l'Harmonie
Assise sur mon petit banc baigné de rosée
Le temps a passé en rêveries et pensées
Candide me presse de cultiver mon jardin
De cueillir la Rose sans tarder chaque matin
Dans mon jardin intérieur à l'espace infini
Voltaire et Ronsard vous l'avez si bien dit
Soleil invaincu en maître absolu du vivant
Jours plus longs défiant l'inéluctable temps
Envie d'aimer, danser, chanter, rire et crier
Désir d'élargir à l'autre cet élan d'exister
A la St Jean d'été, besoin de légèreté
Ombre raccourcie au plus bas de sa course
Nuits courtes veillées par la Grande Ourse
Havres de paix et de repos et de fraîcheur
Feux de joie allumés ça et là avec bonheur
A la St Jean d'été, besoin de délassement
Tout feu tout flamme lumière à son apogée
Reflets colorés changeants de la méditerranée
Rayons brûlants qui réchauffent les coeurs
Sable accueillant avec sa sensuelle chaleur
A la St Jean d'été, besoin de réconfort
Nuits douces étincelantes d'un infini ciel étoilé
Mystère de ces merveilleux firmaments d'été
Qui dans le silence bruissent telles un concert
De grillons qui leur fait écho dans l'univers
A la St Jean d'été, besoin de beauté
Lumière et ombre s'enlacent nuit et jour sans fin
L'une croît avant que ne s'annonce son déclin
L'autre décroît avant que ne commence son essor
Reliées et unies comme les secrets d'un trésor
A la St Jean d'été, besoin d'éternité
Révélées l'une par l'autre clair-obscur nécessaire
Blanc et noir, faire que l'ombre révèle la lumière
Dualité de la condition humaine joie et tristesse
Au plus sombre du puits les lueurs apparaissent
A la St Jean d'été, besoin d'espérance
Chacun derrière son masque caché
Se tient à distance avec prudence
C'est étrange, ces visages gommés
Qui troublent telle une absence
Qui nous parle, de qui est le regard ?
Jeu masqué du Carnaval de Venise
Jeu de cache-cache Colin maillard
Comédiens dell'Arte qui s'improvisent
Sans nez, ni bouche, êtres mutants
Ombres de visages fantomatiques
Où êtes-vous sourires réconfortants
Séducteurs, altruistes et bénéfiques ?
Restent les yeux témoins du coeur
Eux qui sont les miroirs de l'âme
Tristes ou rieurs, ou interrogateurs
Vers l'essentiel ils donnent le sésame
Restent les oreilles aussi pour écouter
La musique des voix et des émotions
La mélodie de la nature tant négligée
Vibrations aux multiples intonations
Vécu déstabilisant, nouvelle sensation
Qui de l'autre éloigne et rapproche aussi
Interrogeant l'identité et la communication
Et qui convie à la méfiance et à l'empathie
Qui nous parle ? De qui est le regard ?
Qui va là ? Est-ce un ami ou un ennemi ?
Son visage masqué nous laisse hagard
Affûtons alors notre vue et notre ouie
Ajoutons-y une dose d'humour et d'amour,
La confiance nous guidera par delà la peur
Au présent et dans les prochains jours
Et les yeux d'autrui nous donneront la recette du bonheur
Être étiré dans un rêve intemporel
Qui accueille les hommes agités
Remplis de culpabilité et de querelles
Indifférent, tu remplis de ton élan, le ciel
Des générations dans l'inconstance
Tu reste sans désir dans les saisons
Tu subis les vents, les sensations
Emmêlées et alternants dans leurs sons
Pas d'errance, tu occupes le même espace
Tu te prolonges sous le sol profond
Tu cherches le réseau qui te remplace
Dans un éternel moment de fond
Solidaire, protecteur de lumières vives
Ta parure resplendit d'un vert au printemps
D'un manteau rougeoyant en dérive
Sous le ciel empourpré d'un air changeant
Tes ramifications de branches en brindilles
De sève en suc se raidissent de substance
Se dénudent pour oublier ce qui s'éparpille
Et rejoignent l'essentiel de ton existence
Entre des arrêtes de rochers erratiques
Tu t'accroches parfois au souffle rugueux
Courbant des branches de nerfs épiques
aux murmures insistants et parfois furieux
Tu plies, tu ploies de toute ta vigueur
Indifférent entre le noir nuage ruisselant
Et la lumière qui caresse ta splendeur
à la saison rondement souverain resistant
Je te contemple au détour de mon regard
Tu es par ta présence, raisonnable, palpable
Être et âme , toi et moi flamboyants à part
Nous derivons entre matières et fables
Étranges écorces ridées, carapaces d'ombre
Tu nous montres le chemin de traverse
Que tu bordes entre des pierres sombres
Et que tu nous invites à arborer à l'inverse
Larmes de feuilles, épouse nos destins
Pare nous de tes empreintes éternelles
Entre des âges sans arrêtes et sans fin
Berce nos paysages de pensées frêles.
Protège nous de ta rustique frondaison
De ta senteur de terre et de ton fauve moisi
Étreint nos chants bibliques d'horizons
Recueille les dans les cris de ton calme abri.
Le changement est là !
« Qui êtes-vous qui errez solitaire en ces bois ? »
« Un être humain en quête d'un lieu de bon aloi,
A la recherche d'une âme à enlacer avec joie,
Depuis un confinement qui me laisse sans voix
Face à ce que je croyais être moi ».
Dans mon miroir je me regarde
Le changement me rend hagarde.
Ce que j'y vois est si étonnant.
Vive le confinement
Promesse tenue du changement !
Mes cheveux en vrille ont poussé
Ma couleur fadasse est décolorée
Mais le coiffeur est confiné
Ma taille s'est ostensiblement épaissie
Mes vêtements de traîne-savate ont rétréci
Car le frigo bien rempli est confiné
Un trou béant change mon sourire
Une dent fragilisée a dû partir
Mais le dentiste est confiné
Mes yeux louchent bizarrement
Mes lunettes brisées gisent inutilement
Mais l'opticien est confiné
Mon épaule droite est de travers
J'ai pris une marche à l'envers
Mais mon kiné est confiné
Mes muscles mis au repos tremblotent
Ma souplesse résolument souffrote
Mais mon prof de yoga est confiné
Mes oreilles n'entendent plus
Mon appareil je l'ai perdu
Mais mon conseiller auditif est confiné
Ma voix s'essaie à tue-tête aux vocalises
La mélodie est fausse et agonise
Mais mon prof de chant est confiné
Mes mots résonnent dans le silence
Maboule et yoyotant, c'est la jouvence
Mais mon psy est confiné
Mon aversion obsessionnelle avouée pour l'entretien ménager
S'est muée en obsession pathologique de tout laver et ranger
Mais pas d' invités, ils sont confinés.
Est-ce bien moi? Je ne me reconnais pas.
Si, si, pas de doute à cela.
Ne pas se fier aux apparences
Je suis autre et pourtant la même dans un certain sens.
Il me secoue ce tout petit Coro meurtrier et fou
A qui les vivants payent un lourd tribu dévastant tout.
Déboussolée je suis, mais peut-être plus éveillée
Consciente de la fragilité de notre humanité
Qui fut oublieuse dans sa vanité et son avidité
Que le petit David du grand Goliath avait triomphé.
Je suis autre et pourtant la même car plus affermie
Mon cœur sait désormais au centuple le prix de la vie,
Et celui de serrer un être dans nos bras réunis
Et celui du partage, de l'amour, de l'amitié
Baumes de l'âme quand le corps est en danger
Dans ce dramatique confinement imposé.
"Herbes à mâcher, herbes "se coucher"
Herbes "se coucher-cacher"
Dites "à caresse"
Herbes hautes"attrape-moi", herbes "autre te liera te battra te tuera", "nervure cravache"
Feuille-duvet "coucher-vers-les-étoiles"
Sans feuille, branche-attend, suspend d´arbre,
Feuilles "à infuser après", à boire et à fumer
Décoction d´herbes "pour dormir avec ses morts"
Sucs "pour entrer transparent dans leurs rêves",
Herbes "toutes tramées en gerbe sur l´épaule"."
La lumière du doux soleil levant
Glisse sur l'onde à peine agitée
Une mouette effleure ce moment
L'eau irisée épouse le feu de l'été
Temps arrêté de douce communion
Où les éléments en noces mystiques
S'unissent en silence et en vibration
Moment intemporel de grâce unique
Pour mon corps immergé immobile
Etoile de mer comme en apesanteur
Bercé par un apaisant clapotis subtil
Exaltation légère de l'âme pur bonheur
Ici la paix, là-bas les canons grondent
L'hybris humain cessera t-il de dévaster
Tout ce qui fait notre raison profonde
De désirer la vie avec toute sa beauté ?
Cette haine, ces guerres, cette violence
Résonnent, secouent, agitent, virevoltent
Et le clapotis devient vague insolence
Et mon calme intérieur se meut en révolte
Lumière dorée du doux soleil levant
Noces mystiques du bien et du mal
L'un, l'autre fondement de tout le vivant
Humanité douloureuse en quête de son Graal