Une étrange chimère émerge d’une rue
Grise et brumeuse. Une funeste inconnue
Debout, telle une grue malingre au long bec,
Vêtue d’un voile vif lovant son corps sec.
Là, fixant le ciel, immobile et silencieuse
Comme à l’écoute de voix ensorceleuses.
Une apparition venant de nulle part
Ou d’un lointain occulte, le teint blafard.
Qui est-elle ? Sentinelle d’un proche futur,
Présageant dans le fond nébuleux de l’azur,
La fin du monde, le marasme, le néant,
Le prélude aux enfers, la fin des temps,
Le fruit de mon imagination vagabonde ?
Sept chérubins hilares dansent une ronde
Chaotique autour de son visage pointu.
Apocalypse annoncée, délire ou berlue ?
Une immense clameur déchire l’air dense
Une multitude de diables crient vengeance.
Les voilà en guenilles, haletant de haine,
Genoux à terre, soumis à leur morne reine.
Son rire grave éclate en vibrato cruel,
Claquant du bec, crachant son triste fiel.
Me désigne t-elle de son œil inquisiteur,
Seul humain, dans ce royaume de la peur ?
Je tremble de tout mon être, corps et esprit,
Cherchant une armure éternelle, un juste abri.
J’ouvre les yeux. J’entends encore la clameur
Qui s’estompe et le fort battement de mon cœur.
Ce sinistre cauchemar n’est il pas prémonitoire
D’un avenir d’effroi, d’un monde sans espoir,
Ou simplement le produit de ma mythomanie,
De mes nuits tourmentées et de mes insomnies.
Les années noires et brunes d’un nuisible passé,
Où le mal était roi, auguraient une fatale destinée.
Entendons nous dans nos villes le bruit des bottes
Qui viennent au nom de l’Ordre et des Despotes ?
Ne creusons nous pas notre tombe sans effort,
En choisissant à notre survie, notre vain confort ?
Comme un sot virus, nous tuons l’hôte pas à pas,
Notre Terre merveilleuse, entraînant notre trépas.
Voilà une idée bien saugrenue :
Vouloir la propreté dans les rues
En déracinant les plantes sauvages
Qui poussent aux pieds des murs du village.
Des mauvaises herbes, on les appelle
Le pissenlit, la ceraiste, la capselle,
Le plantain, l’arabette, la cardamine.
Elles déparent et font triste mine,
Selon ces mesdames et messieurs
Pour qui, la nature convient mieux,
Claustrée dans un parc ou dans un bac,
Bien ordonnée, plutôt qu’en vrac.
Le bitume et le béton bien polis.
Voilà qui est bien net et fort gris.
Utiles à la biodiversité
Certaines médicinales, traitées
Comme moins que rien et inconvenantes.
Il faut bien de l’égard pour ces plantes.
Elles apportent aussi de la couleur.
Fleurs à butiner, perles de douceur.
Ciel blafard au dessus des pinacles
Et des muettes ruines , débâcle
Folle et Accomplie. Fin de partie !
Et fondent les cœurs sans bruit.
Pourquoi tant de haine et de bassesse ?
Ce monde de verre qui sans cesse
Se brise et se délite à chaque cri
De plainte. Les larmes tombent en pluie.
Oh Dieu pourquoi nous as tu abandonnés ?
Somme nous un jeu ou rien qu’une idée ?
Tu devrais t’appeler Justice et Amour.
Sous ce ciel, je cherche ton nom nuit et jour.
Je n’y trouve que douleur, détresse et misère.
Fracas des cruelles actualités. Écoute ma prière.
Pour celle et ceux qui souffrent et qui meurent
Avant l'heure, sans entendre la langue du bonheur.
Débâcle sous ce ciel blafard, cœurs sans espoir !
Fondre la glace et regarder à l’envers du miroir.
C’est dans les sourires que se situe la pépite d’or,
Dans les gazouillis des oiseaux, le réconfort.
Me souffle le vent qui caresse ma peau.
Dois je me laisser bercer et redresser le dos,
Croire en mon cœur plutôt qu’à ma raison ?
La partie continue. Bâtir une nouvelle maison.
Ne vois tu pas que la nature pleure
Parfois elle crie de douleur.
Es tu aveugle et sourd ?
As tu pour elle un peu d’amour ?
Ah ah, dit l’ombre tapie dans le nuage
Ce monstre, bavant et éructant de rage.
Vous aspirez à l’ordre par peur de l’autre.
Bannir la liberté d’être. Pendre l’apôtre.
Trop ignorant pour goûter les délices
De la vie imbibée d’eau des calices
De l’amour, de la joie et de la paix.
Vous aurez le mal, la honte, l’irrespect.
Méfiez vous de ces faiseurs de bonheur
Vous promettant des lendemains sans peur.
Vous serez blanchi comme un ver de terre
Brûlant dans la chaleur torride d’une serre.
L’ordre est un ogre qui se mêle au troupeau
Marche à pas cadencés. Vous, les fachos,
A ce rythme, vous sentirez la vermine
Vous dévorer, puis vous crierez famine.
Tu était si belle, tout de béton vêtue,
Si majestueuse au dessus des calmes flots,
Imposante et indestructible, tu as plu.
Tu brillais étincelante d’un blanc halo.
Et tu te nourrissais de très peu de choses,
Un petit uranium placé dans ton cœur.
Tu irradiais de chaleur, sans possible pause.
Tu inspirais la gratitude, jamais la peur.
Un jour, la terre trembla, une vague inouïe
Noya ton corps. Alors ton cœur déborda
D’une telle grande énergie qu’elle se répandit
Sans que les humains aient pu la contenir.
Tu fondis en larmes, et comme une mort au rat
Très lentement tu décimes sans coup férir.
Je pars au boulot en auto très tôt
Ou je quitte mon home très tard
Suis pas con, j’évite les bouchons
Et ça passe et de plus j’ai de la place
Je joue perso. Lolo, coco, bobo
Allez savoir. Toujours, je me gare
Tant pis pour la pollution. Suis pas con
Pas trop tard, je déplace ma carcasse
Les autres en métro ou en vélo
Ou au bar parce qu’ils ont en marre
Sont trop bon de fumer la pollution
Plein la goitre, ils en ramassent.
Ma philo, c’est dodo, toto, boulot
Quand j’arrive, je suis la star
Pour les jeunes, suis un parangon
Voilà pour moi qui est sensass
Vous avez dit pédago et écolo
Mais tranquille, je me gare
Je ne réponds pas de ma contamination
Je m’en tape et ça les agace
Suis pas populo ni mollo
J’arrive à point d’heure et je me marre
Je ne répond pas de ma contagion
Il faut bien que jeunesse se fasse.
Je pars au boulot en auto très tôt
Ou très tard et j’arrive peinard
Suis pas con, j’évite les bouchons
Et ça passe et de plus j’ai de la place
Qui coupe l’herbe à ras ?
Ce bruit assourdissant
Quel est ce scélérat ?
La lame a versé le sang
Mes amis, je vous appelle
Milles pattes unijambistes
Coccinelles sans ailes
Sans vous la vie est triste
Je cherche un brin de vie
Dans ce gazon dépouillé
Plus rien n’a survit.
Seul dans ce désert écorché
J’ai juste baissé la crête
J’ai senti la mort me frôler
Quel est l’abruti sans tête,
Le criminel nécrosé
L’inconscient qui ne sait pas
Qu’un petit monde pullule
Dans l’herbe où il traîne ses pas ?
Un homme sans âme ni scrupule
Petite chose dans le creux de ma main,
Coccinelle, m’entends tu, si petite et si fragile
On te fait du tord. Ton bourreau est l’humain
Qui déverse le mal en poudre meurtrière et inutile.
Tu es comme tes cousins les insectes un être vital.
Il t’empoisonne, croit-il, pour mieux se nourrir.
Il ne voit pas qu’il déverse sur les champs le mal.
Tout comme les vers de terre, suffoquant tu vas périr.
Il ne sait pas que tu es un maillon de la Vie,
Sans lequel, plus rien ou presque ne pourra vivre
Sur notre belle Terre blessée, bientôt en survie
Humain , ressaisis toi, fais que ton cœur se délivre.
Comprends que tu n’as pas d’autre meilleur choix.
Prendre soin des petites bêtes qui peuplent encore
Nos campagnes, qui les rendent vivantes de joie,
De couleurs et de sons, indispensables à la flore,
Au vivant, à toi qui meure à petit feu à ton tour.
Tu organises pour ton confort et plaisir ton suicide
En tuant les espèces végétale et animale qui t’entourent.
Arrête le stupide déversement des criminels pesticides.
Petite coccinelle , pardonne moi de tant de vilenie.
Je souffre de mon impuissance à te sauver
Dans ce monde où mon espèce est dans le dénie
Par bêtise et cupide. Je prie pour que vienne la Paix.
Il n’y a pas lieu de se réjouir
Lorsque les démons sont lâchés.
Nous les entendons au loin rugir.
Il est temps de nous dresser et aimer.
Réveillons Cupidon qui dort et rêve
Pour que de ses flèches, il tue la haine
Ravive nos cœurs , suscite la sève
De l’amour oublié et brise nos chaînes.
Je t’adore à tout moment de ma vie,
Sans y penser, comme je respire.
Est ce par usage ou par pure folie ?
A toute heure, partout, je te désire.
De cette idylle, je n’en voie pas la fin.
Rêve éternel. Haut vol en apesanteur.
Auprès de toi, je m’enivre de tes seins.
De ton corps, de ton âme, de ton cœur.
Loin de mes amis et de mes enfants,
J’ai perdu mon travail, ma maison,
Amoureux et misérable jusqu’au sang.
Je te suis en enfer à en perdre la raison.
Enchaîné à tes yeux, esclave de ta voix
je me traîne à tes pieds comme drogué
Ou pareil à un fantoche sans foi ni loi.
Veule, je titube obsédé tel un envoûté.
Délivres moi de cette fatale emprise.
Mains jointes, à genoux, je te supplie
De fuir loin, hors de ma vue, exquise
Créature, épure maîtresse de mes nuits.
Je cherche l’issue de secours de cet abîme.
Tu es ma grande douleur et mon bon plaisir.
Mon cœur me lâche à suivre un tel régime.
De cet étrange amour excessif, je vais mourir.
Les conquistadors ont traversé l’océan
En quête d’or. Semant la mort et le néant
Aveugles au merveilleux du nouveau monde
Ils perdirent tout sens humain, leur âme immonde.
Les bombes tombent au goutte à goutte de sang.
Les âme éparpillées s’éloignent dans le néant.
Les décombres de la ville recouvrent les morts.
Ont-ils mérités ce supplice, ce mal et leur sort ?
L’horreur et la peur courent les rues en flamme.
Las, les enfants, les hommes et les femmes
Cherchent la voie de secours, lèvent les yeux
Au ciel d’où tombe la mort pour supplier Dieu.
Dieu est absent, la guerre n’est pas son affaire.
Celle de l’espèce humaine qui a choisit l’enfer.
Plus rien que de la charogne. Pas d’issue honorable.
Que ceci ne soit que cauchemar ou une triste fable.
Par un ciel étoilé, j’irai courir dans les prés
A moitié nu, sans désir, sans idée, sans regret.
Je plongerai dans l’espace, porté par le temps,
A la recherche de mon âme comme un mort-vivant.
Inévitable sera mon périlleux destin ou ma mission.
Que tous les pendus bannis des obscurs bas-fonds
S’unissent pour se libérer enfin de leur triste sort.
Je volerai comme un superbe jatayu de port en port.
Je crierai mille fois ton nom jusqu’à mon dernier râle
Je vaincrai la pâle faucheuse et le spectre sidéral.
Puis enfin las, je chancellerai dans un fabuleux puits,
Les bras en cœur comme accouplé à la suave nuit
Des bombes tombent tandis que des enfants naissent.
Nous rampons sur un tapis de mines, tenus en laisse
Par des maîtres sans vergogne qui nous font chanter
Avant de nous violer puis tuer tels des incubes enivrés.
Je fuirai avant qu’ils me tuent et vivrai enfin l’amour éternel
Dans un nid abyssal pareil à un immense trou noir fusionnel.
Je t’appellerai encore pour que tu apparaisses en songe exutoire
Ensemble, l’un contre l’autre, nous attendrons le grand soir.
Nos cœurs croisés vaincrons enfin la grande funeste peur
Nos âmes emplies d’amour vivront la félicité et le bonheur
L’été n’est pas là pour nous faire plaisir
Il a soif, courbant sous un soleil de cristal
Le ciel bleu apparaît comme un vaste empire
Autocrate, bannissant tout désir et scandale.
Attendons la nuit pour cacher nos envies
Dans la fraîcheur des soirs, libres de rire.
Sortir nu, danser et se vautrer dans la lie.
Aimer peut-être entre deux porches ou haïr.
Qui sommes nous ? Venus au monde par hasard
Porté par un incertain destin qui nous fera général,
Bourreau, boucher, génie, évêque, sans gloire,
Ou en vogue, jouissant de la cour, déniant tout rival.
Nous espérons l’hiver et aspirons à l’enfer aride
Désirons sa morsure froide pour rallier notre âme
Perdue dans les abysses de l’amnésie et du vide.
Dans l’étreinte, nous guettons la vitale flamme.
Nous ne sommes rien sans l’abondance de la nature,
Grandir en empathie et lien sous les feux de l’amour.
Ou rester nain sans passion, abandonné en pâture
A nos maîtres que sont l’ennui et le temps qui court.
La grande rue coule comme un fleuve long,
Charriant les autos comme des galets de fer,
Crachant son lot de fumée au son d’un violon
Désaccordée. Parfois la vie semble amère.
Ces gens suppliants qui se taisent en soupirant.
Ils rêvent de mésanges, de sirènes, d’un baiser
De braise ou d’un repos salutaire, d’un doux vent
Qui les emporte n’importe où, hors du temps.
Ces gens éperdus glissent de seconde en seconde
Au rythme de leur cœur esseulé vers la mort,
Emportant leur espoir déchu, haïssant ce monde
De progrès mortifère les liant à leur triste sort.
Ce grand arbre qui plonge dans le ciel,
Caresse de son ombre le petit square,
Paradis égarée, tout en sucre et miel.
Des fées et des muses, égayent ses soirs.
Ce sourire qui n’a pas de nom, ni de peur,
Inondant l’espace d’une nuit sans fin.
Ces larmes taries par une vie de labeur,
Lumineuses comme des diamants d’airain.
Parfois éclot une fleur rouge sur ce vague terrain
Elle chante de toutes ses pétales un air d’amour,
Riant de tout son corps aimant en spasmes divins,
Métamorphosant les sanglots en pépites de velours.
Malgré le vacarme de l’existence sourde et vaine,
Malgré les vils sarcasmes des pantins soumis,
Il suffit d’aimer la vie, tout ce qui nous nourrit,
Tout ce qui nous apaise. Parfois la vie semble amène.
Toi dont les cheveux ne connaissent pas les parfums du matin
Toi, capée et voilée, bonne à glisser dans les rues, trop discrète
Les yeux fixés sur le trottoir, tristes comme une ombre de satin.
Les hommes, hélas, ne verront pas ta grâce et ta beauté secrète.
Au nom d’un Dieu subi qui se moque des usages des humains,
Tu promènes la bêtise lâche des hommes qui cachent ton visage
Trop beau pour la petitesse de leur pauvre esprit. Ce sont des nains
Encombrés de vaines inutiles croyances, peurs des commérages.
Voiler la beauté de ton âme est comme écorcher vif un bout d’amour
C’est un peu semer la haine selon les principes d’un livre et sa loi.
C’est l’ignorance que l’on étale aux yeux de tous, avec la bravoure
Des incultes, ployants sous le fardeau de la superstition. Pauvre choix.
C’est par hasard que je me suis noyé dans tes yeux,
Entre deux feux de joie qui occultaient l’horizon.
C’est par amour que je me souviens de ton nom,
Entre chien et loup dans la brume d’une chanson.
Te voilà , belle comme le jour, tes cheveux en larmes
Triste de n’avoir pas connue la félicité de l’enfance.
Déjà, le ventre rond, les mains brandies comme des armes
Pour te sauver du monstre mâle au goût amer et rance.
Désormais, tu devras dormir à deux dans la lie de son lit.
Puis vivre à trois de jour comme de nuit avec ce bambin
Que tu n’as pas voulu, fait de ta chair, qui entre dans ta vie.
Mariage forcée, parce que belle et jeune, offerte au malin.
J’entends tes pleurs et je vois ton sourire, debout et fière
D’avoir quittée ton bourreau. Femme et mère courage.
Être près de toi à te regarder vivre et me changer en pierre.
j’aimerais t’enlacer avec la bienveillance de mon grand âge.
Il y avait comme un air détaché de l’obscène monde.
Ma mine défroquée est giflée par la vive plainte
D’un vent aride venant des abysses profondes
Où se mêlent les monstres inspirant la crainte.
Les grandes herbes vibrent au soleil blêmes et lisse
Tandis que les phoques glabres rugissent sur le sable.
Mes pas tracent une ligne courbe, en quête de délice
Et de gloire afin que ma vie ne soit plus une vaine fable.
J’ai connu l’amour, frôlé la mort, vécu distrait, l’ennui
Sur cette planète terne, pressée par des êtres sans tête,
Se croyant dieux, urinant sans vergogne jour et nuit,
Pillant la terre, souillant l’air et l’eau, comme des bêtes.
La bas, tout contre l’horizon se détache l’illusoire mirage
Où les hommes ne vivent pas à l’ombre du soleil de Satan.
Ils prient, aiment, cultivent leur jardin, jouissent du rivage
Des âmes dont le repos incline à vagabonder avec le temps.
Mirage ? Oui, la réalité est autre. Le vent me bât vivement
Pour venger la misère semée par les hommes mécaniques,
Mus par le moteur de la cupidité alimentée par le sot argent.
Bourrasques soulevant les vagues dans un fier élan cosmique.
Ici, le sourire des fleurs s’évanouit dans la brume des embruns
Où baignent les phoques paresseux, attendant l’eau de la marée.
J’ai hâte de voir un grand arbre pour le saluer, noble tel un tribun
Défendant la cause du ciel qu’il embrasse de ses branches élancées
L’amour sauve ! La belle affaire ! Je traîne mes pas engourdis
Dans la vase d’où j’entends les sirènes chantées avec douceur.
Je reconnais les voix de mes amantes passées, anges du paradis
Me laissant en enfer de ne pas les avoir aimées avec mon cœur.
Je marche dans les oyats sur la crête d’une dune, le dos rond.
Soudain un rayon vert peint le ciel d’une langueur lascive.
Je tremble ! Tout me semble limpide tel un pur et clair son.
Je souris à la vie et à la nature. Le vert est une couleur vive.
Les larmes de l’enfant coulent moites d’amertume
Dans la pauvre masure perdue et noyée dans la brume.
Sa mère reprise les haillons, un œil triste sur le feu.
Une marmite chuchote une prière aux invisibles dieux.
L’enfant pleure. Son père est parti pour gagner la vie
De la famille, laissant femme et enfant dans l’ennui.
Ils vivent dans l’angoisse froide d’un hiver éprouvant.
Les loups hurlent dans la blanche forêt avec le vent.
Ils se nourrissent de vils racines et de rêves chimériques
A l’affût d’un rayon de soleil sur le sol blanc métallique.
Parfois l’enfant et la mère marchent dans la prude neige
Cherchant l’issue de l’enfer, la voie de sortie du sortilège.
Un nuage difforme dans un ciel éperdument las.
Un silence dans la langueur du temps qui passe.
Un sourire qui fond soudain sur des lèvres de fiel.
Un regard vague suspendu aux rayons du soleil.
Une vie qui s’étend comme une boue dans son lit
Un amour qui se noie discrètement dans l’ennui.
Une page ébréchée noircie de frêles mots inconnus.
Un espoir désespéré qui a perdu à jamais la vue.
Où sommes nous dans le fatras de notre folle vie ?
Avons nous un guide pour ne pas plonger dans la lie ?
Aveugle, sourd, muet, nous avançons en reculant.
Puis se perdre dans l’occulte forêt des lutins mutants.
Quelque part, est enfoui dans les limbes, un trésor inouï.
Il éclaire de son feu notre âme qui se redresse ébloui.
Regardons en souriant : les choses sont bien plus belles,
Les êtres plus beaux. Le monde nous est à jamais fidèle.
Un nuage rond dans un ciel follement lumineux.
Un silence dans le bonheur du temps qui se meut.
Un sourire qui s’illumine sur des lèvres de miel.
Un regard qui accompagne les rayons du soleil.
Une vie qui rebondit de plaisir, de joie, d’énergie.
Un amour qui nage passionnément dans la poésie.
Une page irisée zébrée de divins mots de ferveur.
Un espoir proche qui a gagné à jamais le bonheur.
Dans la forêt secrète gîtent des animaux multicolores
Sous le soleil glorieux des jours lumineux et sonores.
Les gazouillis des oiseaux flottent sur les vagues du vent,
Bercent les arbres dansant dans le silence assourdissant.
Le soleil est immense dans un ciel blessé, triste et perdu
Que des nuages blessent de leurs fibrilles acérés épandus.
L’ombre sous les futaies, telle une nuit timide et accablée,
Dort sans sommeil en s’étendant entre les arbres résignés.
Le temps s’évade par les trous d’air entre les feuilles fugaces.
Sa roue s’arrête pendant l’éternité d’une espérance lasse,
Rejoint l’espace, s’accouple et explose en éclats de rires
Se moquant du bipède voulant être Dieu. Il ne sait pas chérir.
Les rires font le tour du monde et reviennent en écho plus forts.
Aime disent les voix de la nature. Aime ! Toujours et encore.
La rumeur est rapide. Elle croit dans les tréfonds de l’esprit
Parfois, elle meurt. Parfois native, elle éclot en premier cri.
Pourquoi faut-il se dire pourquoi ?
Dans cet air maussade sans émoi
Errer sans savoir que la vie s’étend
Au delà de la loi, de la foi et du temps